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Laurent CHOAIN
Jean-Eric AUBERT

L'empathie est essentielle au bon fonctionnement des sociétés: elle réduit la violence, elle allège les souffrances, elle améliore l'efficacité économique....Elle repose sur des processus de reconnaissance de l'Autre dans son identité et sa différence. C'est ce que je montrerai en prenant des exemples à divers niveaux: l'éducation des enfants, la gestion des cités, les économies nationales, les relations entre les peuples...

Au travers de trois expériences significatives de direction des ressources humaines ces vingt dernières années, j’ai été confronté, dans les valeurs affichées comme dans les pratiques, à des acceptions très différentes de l’empathie. De l’empathie par profession, à l’empathie par conviction, jusqu’à l’empathie par vocation. Dans les trois cas, les figures imposées amenaient à développer, à première vue, l’empathie des dirigeants et des managers – dans l’esprit de ce que les chercheurs distinguent sous le concept d’empathie émotionnelle. Mais dans les trois cas, le prix de l’empathie émotionnelle était l’empathie cognitive que les leaders cherchent à développer à leur égard. Ce qui amène à penser l’empathie au regard de deux concepts d’avenir mais non intuitifs de leadership : la générosité et la gratuité.

L'empathie, un remède aux maux de société?L'empathie se réduirait-elle à pouvoir se mettre à la place d’autrui pour 'vivre' ses sentiments ou ses émotions? Elle peut très bien exister envers d'autres formes vivantes, animales ou végétales. Alors, ne s'appliquerait-t-elle pas également à la planète en tant qu'organisme vivant – à la Biosphère? Il est intéressant de constater qu'un sondage du mois de mars de la Commission Européenne montre que le changement climatique est considéré comme le troisième problème le plus important après la pauvreté et la situation économique. Se mettre à la place de notre environnement ou des générations futures qui souffriront de son état, devrait devenir un vrai sujet de débat sociétal. On dit aussi que l'empathie confère un avantage sélectif pour la survie des individus. Or la dégradation de l'environnement, la diminution de la biodiversité, la pollution ou le changement climatique sont un risque pour notre capacité à survivre en tant qu'espèce. Au contraire, une caractéristique de l'autisme est l'absence d'empathie. Serions-nous donc majoritairement autistes envers ces grands enjeux? Quand des nourrissons entendent un autre bébé pleurer, ils se mettent à pleurer aussi. Si ce comportement est un prémice de l'empathie, nous ferions bien de nous en inspirer, en ayant cette contagion émotionnelle pour la sauvegarde de la biosphère qui nous a permis d'exister. Soignons donc notre autisme environnemental pour que s'en suivent des actions altruistes.

Les psychologues distinguent généralement trois formes d’empathie : émotionnelle, cognitive et comportementale. Cette distinction est importante pour éviter de fâcheuses confusions et comprendre la nécessaire articulation entre proximité et distance dans les relations interpersonnelles. L’intérêt actuel manifesté envers l’empathie est en grande partie dû à de multiples découvertes réalisées dans diverses disciplines : psychologie du bébé, anthropologie, neurobiologie, primatologie, économie expérimentale, etc. Elles permetttent d’envisager la façon dont l’empathie peut servir de fondement à des politiques publiques.

Didier SCHMITT
Jacques LECOMTE

COMPRENDRE

 

examiner les différentes expressions de l’empathie, cerner la notion, en interroger les limites pour la construction du collectif, du lien social...
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