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Selon Alain BERTHOZ, la simplexité est le mode de faire privilégié par le vivant quand il est confronté à une situation difficile ou complexe. A la différence d’un René DESCARTES qui invitait à nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature » en réduisant les problèmes complexes, ou plutôt « compliqués » à des éléments « simples », la simplexité nous inviterait et nous aiderait à nous saisir de la complexité

 

Dans un contexte marqué par des enjeux économiques, sociaux, institutionnels et politiques placés sous le signe de la complexité et de l’incertitude, et sur lesquels l’action publique, collective et individuelle semble de plus en plus difficile, le recours à des démarches « simplexes » apparait comme une solution tentante. Existe-t-il des moyens et des méthodes permettant de gérer la complexité des sociétés humaines de manière simple, à l’image de ce qu’accomplit le vivant ? 

 

A tout le moins, si la simplexité est l’art de rendre simples, lisibles et compréhensibles les choses complexes,  n’est-elle pas une voie pour réactiver notre « intelligence du monde » ? Mais aussi notre pouvoir de décider et d’agir ?

La notion de simplexité interpelle tout particulièrement les prospectivistes : le recours à la simplexité n'est-il pas inhérent à leur art ? Leur pratique ne consiste-t-elle pas en effet pour partie à saisir la complexité du présent ? Mais aussi à la dépasser, à en transcender les obstacles et difficultés pour faire émerger des images simples et appropriables de futurs désirables particulièrement complexes ? Dans tous les cas, la simplexité semble aujourd’hui ouvrir des voies de renouvellement des manières de penser et de faire dans tout un ensemble de domaines : les sciences de la vie, le numérique et le design, l’innovation technologique, les organisations et le management, la pédagogie, l’action publique, le développement social des territoires….

 

 

"Néanmoins, tout cela fait question…. La simplexité n’est-elle

pas un mode simplifié pour s’emparer de la complexité ?"

 

 

Et n’y a-t-il pas dans ce cadre un risque de simplifications abusives qui, loin de contribuer à l’intelligence du réel et des phénomènes qui nous entourent, contribuent à véhiculer des visions fausses, voire idéologiques de ceux-ci ? Inversement, l’esprit de simplexité n’est-il pas un ingrédient indispensable dans toute démarche éducative et pédagogique ? Sous réserve qu’il s’exerce avec  déontologie, lucidité et prudence ?

 

A moins que la simplexité nous incite précisément à nous interroger sur les méthodes les plus efficaces et pertinentes pour nous « saisir » de la complexité et trouver des manières d’agir dessus. La simplexité est-elle une méthode permettant d’ « apprivoiser » la complexité et d’agir dessus ? Et si tel est le cas, doit-elle adopter les principes de la simplexité mis en avant par Alain BERTHOZ: inhibition, spécialisation, anticipation et prédiction ? Quelles sont au fond les contenus et vertus de la simplexité et quel usage peut-on et doit-on en faire ?

 

 

"A l’évidence, la notion de simplexité invite les prospectivistes et

les décideurs à une réflexion de type épistémologique."

 

 

Peut-elle être considérée et utilisée comme une méthode permettant de comprendre et d’anticiper, ou doit-on plutôt la limiter à ses fonctions « heuristiques » : pour comprendre autrement des notions, des problèmes, des évènements sur lesquels l’intelligence butte ? A l’évidence, la notion de simplexité invite les prospectivistes et les décideurs à une réflexion de type épistémologique. Elle les invite surtout à s’interroger sur le potentiel d’innovation des modes de penser et de faire qu’elle recèle et sur ses applications possibles et à venir dans tout un ensemble de domaines, qu’il s’agisse de la Recherche-développement, du numérique et du design, des organisations et du management, de l’action et de la décision publique, du développement territorial…

 

 

 

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