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Comprendre

 

La table-ronde COMPRENDRE vise à donner un aperçu de ce que signifie la simplexité et de la manière dont il est possible de l'instrumentaliser.

La notion de simplexité a été initialement employée dans les sciences du vivant et neurosciences pour désigner cette capacité du vivant – et ipso facto du cerveau – à trouver des solutions à des problèmes complexes.  Par extension, cette notion désigne l’art de rendre simple, lisible, compréhensible, des choses complexes, et de trouver les moyens d’agir dessus.

Elle est également utilisée en ingénierie et dans l’industrie pour désigner des produits ou modes d’invention et de production permettant in fine de combiner simplicité (souvent d’utilisation) et complexité (des process, des fonctionnements, des systèmes). Nous sommes aujourd’hui entourés d’objets et de process « simplex » : notre IPhone est simplex, Google est simplex, l’informatique et le design peuvent être simplex, les solutions de partages de données (par exemple dans le domaine du Big DATA), ou les solutions d’interopérabilité dans le domaine des transports sont simplex. Un Plan Local d’Urbanisme, la compréhension des enjeux du Développement Durable ou de la politique de la Ville autour de quelques piliers (social, économique, environnement ou urbanisme, ..gouvernance) sont des démarches de simplexité.

 

Quoique la simplexité soit inscrite au cœur de notre ADN – notre organisme et notre langage sont simplexité -, de nos comportements, interactions, actes et décisions, de nos organisations et sociétés politiques, et qu’elle ait d’indéniables atouts, nous sommes loin d’en être conscients.

 

A nos dépens : l’approche simplexe peut devenir simplisme quand par exemple on réduit une entreprise à sa seule dimension financière, voire à sa seule fonction économique. Sous le masque de la simplicité, l’information et la pédagogie peuvent devenir mauvaise vulgarisation ou manipulation.

Inversement, gagner en intelligence de la simplexité, de ses manières de faire, et de ses ressorts, au travers par exemple du biomimétisme, donne et peut donner lieu à des applications positives dans tout un ensemble de domaines : dans l’organisation de nos sociétés politiques, dans le design, en pédagogie, dans les entreprises.  

 

Avant de nous lancer tête baissée dans la course inconsciente à l’innovation, une bonne compréhension de cette notion est indispensable. C’est à la croisée d’un double processus que semble se situer, aujourd’hui l’enjeu de la simplexité : d’une part l’interdépendance croissante des humains, des conditions de leur survie, de leurs organisations et des processus de décision, interdépendance qui augmente les zones d’incertitude. D’autre part, le besoin croissant, en contrepoint de cette interdépendance et de l’incertitude qui en découle pour chacun, d’auto-organisation, de pouvoir d’agir, d’autonomie, de libre-arbitre.

 

Après avoir écouté Alain BERTHOZ nous parler de la simplexité, nous chercherons à la cerner par les deux bouts :

 

  • En nous situant au plan cognitif et comportemental, avec Jean-Jacques BALLAN, qui nous parlera des aptitudes à la simplexité,

  • En nous situant du côté des objets simplex, avec Anne-Marie BOUTIN, qui nous parlera de la manière dont le design utilise la simplexité.

 

Une réflexion épistémologique partagée quant aux avantages et limites de la simplexité, qui vise à nous rendre plus agiles mais aussi plus responsables dans son instrumentalisation, sera le préalable à l’anticipation et à la recherche de solutions.

 

François ROUSSEAU

Anticiper

 

A l'issue de la table-ronde COMPRENDRE, les participants auront une idée assez précise de ce que signifie la simplexité et de la manière dont il est possible de l'instrumentaliser. La table-ronde ANTICIPER a pour objectif, cette connaissance acquise, de montrer aux participants le contexte global dans lequel l'anticipation du futur se situe (la grande Transition) et le rôle que la simplexité peut y jouer comme levier de changement.

 

Un nouveau changement majeur dans l'histoire de l'humanité est en cours : fulgurant, radical et planétaire. C'est la grande Transition que nous sommes en train de vivre, à la fois technologique, sociétale, économique, énergétique, politique, climatique, culturelle... Elle nait de la confrontation violente entre un monde ancien qui a fait son temps mais résiste au changement (politique, éducation, management, etc.) et un monde nouveau fondé sur une véritable révolution techno-scientifique, un nouveau paradigme des modes de coopération entre les hommes et les machines, et le développement d'une économie plus créative et collaborative. Elle se caractérise par la volatilité, l'incertitude, la complexité et l'ambiguïté (VUCA), ce qui brouille la lisibilité de l'avenir. Pierre GIORGINI, président-recteur de la Catho de Lille et auteur de La Transition Fulgurante[1], identifiera les particularités structurantes de cette grande Transition et expliquera en quoi la simplexité peut être un levier de changement permettant de la traverser. 

 

Si la vigilance et l'anticipation doivent désormais guider notre regard, dans une telle situation, qu'est-ce qui doit guider notre action ? En univers turbulent (terre, rivière, air par exemple), la fluidité est essentielle, d'où l'importance du profilage (formule 1, kayak, avion de chasse). Mais comment "profiler" nos entreprises, nos sociétés, nos économies, nos politiques publiques, au moyen de la simplexité ? Olivier REAUD, directeur Général de In Principo apportera son éclairage concret sur la manière dont les organisations s'emparent déjà et s'empareront plus encore de la simplexité pour naviguer à travers cette Transition Fulgurante.

Fabienne GOUX-BAUDIMENT

 

 

[1] COHENDET, Patrick, Pierre GIORGINI, and Jérôme VIGNON. La transition fulgurante : Vers un bouleversement systémique du monde ? Montrouge: Bayard Jeunesse, 2014.

Proposer

 

La société française a développé depuis quelques années une véritable allergie à la complexité administrative. Il n’y a plus un seul acteur, économique, social, associatif et même public qui ne la dénonce comme un coût, un handicap, une entrave à l’action. Le mot d’ordre de simplification administrative ne date pas d’hier mais l’enjeu semble avoir pris une dimension nouvelle, d’autant plus significative qu’elle s’accompagne non d’un rejet de l’Etat mais au contraire d’une exigence renouvelée de vision, de régulation et d’arbitrage. Le travail de clarification des formulaires et des procédures, la dématérialisation des processus ou le lean management, désormais couramment pratiqués dans les services publics, ne suffisent plus. Lorsque l’on interroge les usagers de l’administration sur leur besoin de simplification, on s’aperçoit très vite qu’ils expriment une double attente : celle de l’accès au droit, c’est-à-dire de la lisibilité et de l’équité des règles, et celle du pouvoir d’agir, c’est-à-dire de la liberté conçue non seulement comme absence de domination et de contrainte mais comme possibilité de faire ou capabilité, pour reprendre le mot d’Amartya SEN.

 

Pour autant, il est illusoire de penser que l’univers des droits, des normes et des méthodes pourrait revenir à une sorte de simplicité rustique. La société est complexe parce qu’elle est composées d’individus singuliers porteurs de droits, qui en exigent la reconnaissance et qui se projettent dans un système de mobilité et d’échanges mondialisés. Ce que nous attendons des institutions, en premier lieu de l’Etat, c’est précisément qu’elles rendent possibles et qu’elles garantissent la singularité, la mobilité, l’échange, qu’elles nous permettent de nous saisir de la complexité et non de la subir.

 

Pour illustrer la simplexité dans l’action publique, nous évoquerons deux expériences au cours de la table-ronde, l’une à l’échelle de l’Etat, l’autre à celle d’un service public de terrain. La première est celle de l’open data public, politique conduite au Gouvernement par Thierry MANDON, secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat et à la simplification, qui sera représenté par Boris JAMET, son conseiller technique « Numérique et Participation ». Alors même que le pouvoir administratif s’est construit sur la collecte, la classification et la rétention de données (état civil, impôt, cadastre, conscription, etc.), c’est une véritable révolution copernicienne qui s’opère avec la mise à disposition des données numériques publiques. La possibilité pour chacun d’exploiter ces données dans des applications de toute nature transforma la notion même d’administration et signe l’avènement de « l’Etat plate-forme ».

 

La seconde, présentée par Guy KAUFFMANN, DGS des services du Val d’Oise, est celle de la méthode du design de service dont s’est servi le Conseil général du Val d’Oise pour refondre l’organisation de sa maison départementale des personnes handicapées. Il s’agit de tourner le dos à la démarche combinant la réglementation, l’organisation et les moyens pour embrasser un nouveau paradigme du progrès fondé sur l’observation de l’usager et l’expérimentation.

 

Yannick BLANC

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